Château de La Loupe 28240
du 29 septembre au 14 octobre 2012 |
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Pascal Lecoeur | |||||||||||
#5
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Ma Normandie ambulante
Des vieux paysans, des ouvriers agricoles dans leur décor intérieur, Témoins d’une campagne du XXe siècle, d’une vie simple, en local, en voisinage, voire en autarcie. Les femmes en blouse, le café, le calva, le chauffage au poêle ou à la cuisinière à bois, la toile cirée, les hommes à casquette, les femmes à lunettes, des gens simples, des gens de peu. Ces gens-là, ils sont extraordinaires. Sur les photos, ils ne se forcent pas, ils posent simplement, un déclenchement et pas plus, par respect, pour ne pas abuser. Ces gens-là, ils donnent tout dans leurs regards, leurs façons de me rendre heureux, moi, le légumier de passage, qui cache sa passion pour la photographie. Ces gens-là, lorsque je leur demande s’ils veulent bien poser, ils sont étonnés sur le coup, mais ensuite ils disent oui, tout simplement, heureux… Ces gens là vous rappellent votre famille, vos grands-parents, votre tante éloignée, l’oncle que l’on a oublié. J’aime ce que je fais, rendre heureux les gens, donner du bonheur, faire vivre ses instants de vie qui sont, pour moi, des privilèges. Quand ils posent pour moi, ce n'est pas forcé Pascal Lecoeur est commerçant ambulant. Il parcourt la campagne de Normandie pour vendre ses légumes à ceux qui ne peuvent se déplacer. Chaque mois, il rend visite à plus de deux cents personnes, et profite de ses moments de halte pour prendre quelques clichés. Ses clients préférés sont des « gens ordinaires dont on ne parle pas, qu'on ne voit pas, qu’on n’entend pas non plus, des gens simples qui ont travaillé toute leur vie pour toucher une petite retraite . « Ces gens là ne pensent pas (comme dirait Brel), ils prient... ». Et Pascal leur porte une véritable affection. Il n'est pas un voyeur, il est un conservateur, un nostalgique d'un temps bientôt révolu : « Là où l'on nous parle de développement durable, de trader, de millions d'euros... » Eux, n'en ont pas besoin. Ils savent comment vivre sans gaspiller, vivent de leur jardin, de leur poêle à bois pour se chauffer. C'est une « espèce » en voie de disparition, une « espèce » de nos campagnes, dans les terres retirées, pas très loin des grandes villes, où l'on vit comme ça, simplement.... ». C'est cette simplicité qu'il exprime dans ses photographies. Seuls ou en couple, ses personnages trônent au milieu d'un univers presque figé, hors du temps. Meubles de famille en bois ou en formicas, toile cirée, murs au papier peint jauni ou fendillé, les intérieurs font partie intégrante de la composition. Ils affirment le temps qui passe et qui inexorablement reste le même. Comme les générations avant eux, les personnes que Pascal photographie portent blouses et tabliers, accomplissent les gestes patients de la préparation du repas, du café, de l'habitude. Pris de façon frontale, ils nous font face et nous affichent toute leur humanité, leur générosité. « Quand ils posent pour moi, ce n'est pas forcé. Ils donnent tout dans leurs regards, dans leur façon de me rendre heureux, moi, le petit légumier qui cache sa passion pour la photographie. ». Mais la cache t-il tant que ça ? |
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M. Simon | |||||||||||