Mon grand-père : Fernand Bignon
Notre grand-père préparait une toile vierge, des "tubes à huile" et il partait avec ses petits enfants "copier" des paysages avec saules au bord de l'eau.
C'était dans les années 60, un moment inoubliable et sacré. Car même à l'extérieur l'odeur de l'huile reste prenante. Cependant, dans la vie, c'est vraiment la photographie qui aura compté. Les conseils qu'il nous a laissés nous ont tous marqués : cadrage, éclairage. Lorsque l'on prend une photo, on nous demande de ne pas "faire comme Papie" et de se dépêcher un peu !
Pourtant, si l'on essaie de se souvenir et d'exécuter ses conseils ce serait : "au diable les clic clac, vous êtes dans la boîte", horreur du pris sur le vif. Ce sera donc la pose, pour essayer d'avoir la photo le "plus artistique possible".
L'éclairage est-il parfait ? Pas de décor vilain derrière (même si cela ferait plus naturel), que tout le monde soit "bien posé", que rien ne vienne gâter ce tableau mis en scène.
Alors, évidemment avec les animaux... le temps que tout soit bien disposé... le chat est déjà parti ! Les enfants râlent car le soleil dans les yeux ou garder le sourire : peu confortables ! Les amis qui avaient l'habitude de prendre leurs photos sur le vif n'en reviennent pas.
Mais c'est tout cela que notre grand-père nous a transmis, même tout petits. Les longues poses dans les bras de notre mère, les pique-niques où il nous faisait attendre. attendre et tout recommencer, relevaient parfois du cauchemar d'enfant !
Il n'a jamais vu l'interêt des clichés pris sur le vif. Lui, obtenait des photos où "tout le monde était toujours bien".
Donc, au magasin "Studio Bignon" ses clients étaient satisfaits, la photo "réussie" et après avoir bien souffert, ils revenaient et pour toute la famille !
Le résultat était harmonieux, sobre et de bon goût comme dans un tableau joliment mis en scène et bien composé.
En conclusion, on peut dire que ses recherches artistiques ne l'ont jamais quitté. Et, à la fin de sa vie, il aura encore fait poser chacun de ses ouvriers, à la construction de sa maison de campagne.
Récemment, le peintre de Gisors, Maurice Fleury, a dit sur les peintures exécutées par Fernand Bignon que si "elles étaient grises, sombres, cela venait sans doute de la photo en noir et blanc, qui à l'époque dominait et qui l'influençait, à son insu bien sûr, puisqu'il n'allait par sur le "motif" et ainsi les couleurs lui échappaient".
Déjà en 1928, le peintre anglais Leonard Richmond lui avait adressé son livre de conseils et de recherches "the Art of Landscape Painting" mais le peintre n'aura pas su prendre ou remplacer le photographe et des générations de vieux saules au bord de l'eau resteront maladroitement peints mais si bien photographiés.
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